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VIDEO - Maya Kamaty en mode Sovaz Deluxe


Auteur de l'article : VIDEO - Maya Kamaty en mode Sovaz Deluxe
Rédigé par Valeska Boyer

Le 5 avril dernier, Maya Kamaty sortait son nouvel album, "Sovaz Deluxe". Une expérience musicale inédite, aux sonorités plus urbaines. Entretien.

Maya, si vous deviez décrire "Sovaz Deluxe" en 3 mots seulement, quels seraient-ils ?

Maya Kamaty : Je dirais "Kaniar deluxe", parce que c’est le label, les éditions, mais aussi un savoir vivre. On fait du bruit, on est un peu des voyous… mais avec classe. Le mot « Sovaz » parce que j’ai envie de me réapproprier des termes, comme « ensauvagement » qui me pose un gros problème. Et j’ai envie de rester sauvage et barbare. Donc le troisième mot ça serait ça.. barbare.

Une anecdote sur le processus de création de cet album ?

Maya Kamaty : Les stratégies et calculs pour savoir comment sortir un album, un single ou même un morceau… je me perds là-dedans. Donc dès le début, j’avais cette idée de sortir d’abord des singles, puis un EP de 5 titres pour voir comment les gens s’appropriaient le "Maya Kamaty nouveau".

Ce que j’aime c’est me challenger, écrire et composer différemment. J’avais besoin d’arrêter d’analyser tout le temps alors s’il y a bien un mot qui doit ressortir de tout ce processus, c’est la « spontanéité ».

Comment se retranscrit l'évolution de votre style artistique dans ce nouvel album ?

Maya Kamaty : Ce changement là, c’est grâce à un marmaille qui s’appelle Sskyron et qui est incontournable ici à La Réunion ! Pourtant c’est un marmaille la cour, il est discret, mais en même temps tout le monde le connait. C’est un bel humain et c’est une superbe rencontre musicale et artistique. C’est tellement improbable... Même nous, on aurait pu croire que ça ne marcherait mais parce qu’on dirait qu’on est dans des univers différents, mais finalement on a fusionné. On s'est rendu compte qu’on écoute la même chose et qu’on peut aussi apprendre l’un de l’autre. C’est ça qui est gayar avec cette histoire.

C’est aussi grâce à Sskyron que Sovaz Deluxe nous offre des sonorités plus urbaines ?

Maya Kamaty : C’est un côté que j’ai toujours voulu explorer, parce que c’est un style de musique que j’écoute depuis très longtemps… mais je n’osais pas. J’ai aussi ce fardeau d’être la « fille de » (Gilbert Pounia, ndlr). Pour beaucoup de monde, il fallait que je suive le même chemin, il fallait écrire et chanter de telle manière et être engagée sur tel ou tel sujet. Ca m’a mis beaucoup de pression et petit à petit j’essaye me détacher un peu plus et êrte moi-même. Je mets sur la table des sujets que j’ai envie d’aborder et à ma manière.

Petite anecdote : avant de sortir « Sovaz », papa m’a suggéré de sortir un album de reprise de sega. J’aime le séga, c’est pas le problème. Mais là, je n’avais pas envie de faire ça. Et aussi, on n’est pas de la même génération... et puis comme c’est mon papa qui me le demande, je vais faire le contraire. (Rires)

Quel morceau de l'album représente le mieux Maya ?

Maya Kamaty : Depuis que j’ai commencé à faire de la musique, je n’aime pas qu’on me mette dans une seule case. J’aime dire que je suis plurielle, et je prends le droit de faire des choses différentes donc c’est très compliqué pour moi de choisir un seul morceau.

Je dirais qu'un des derniers morceaux inédits sur Sovaz c’est « Sur mes épaules ». Le texte me parle beaucoup et cette fois j'ai écrit en français alors qu'avant je trouvait que c’était trop fleur bleue. Trop sage justement, plutôt que sauvage.

Après, dans des esthétiques différentes il y a bien évidement le morceau qui s’appelle « Sovaz » qui me représente totalement. Parce que je suis finalement dans cette dualité là tout le temps.

Quelles sont les meilleures conditions pour une expérience d'écoute optimale de cet album ?

Maya Kamaty : La magie de la musique fait qu’on peut écouter cet album dans pas mal de circonstances. Il y a plusieurs messages, il y‘ a des interprétations différentes. Parfois, ce sont les gens qui me disent que ma musique les fait ressentir certaines choses alors que je ne pensais pas aller sur ce terrain-là. Donc c’est ça qui est intéressant avec la magie des mots. Après, certains morceaux méritent une écoute attentive. Parfois il ne faut pas trop réinterpréter ou aller chercher trop loin, parce que ça dénature aussi le morceau.

Parle nous des 3 titres inédits ?

Maya Kamaty : Il y a « Sur mes épaules », qui parle de charge mentale et de burn out. Je suis passée par là à un moment, à ne plus savoir qui je suis dans ce monde.

« Timizé » parle de la légende de grand-mère Kal. De la diabolisation des femmes dans les contes créoles, et ceux du monde entier. Il faut dire que les femmes sont souvent diabolisées. Ca, c’est la touche maman (Rires). Annie Grondin est passée par là et m’a beaucoup inspiré là-dessus. J’ai aussi eu la chance de faire un duo avec Mélissa Laveaux qui est une d'origine haïtienne qui chante en créole sur ce titre.

Et le troisième morceau inédit s’appelle "Le ventre vide". C’est un thème qui me tient vraiment à coeur : il faut vraiment qu’on arrête de poser la question aux femmes « Kansa i fé marmaille ? » parce que chacune vit ses expériences. Il y a des femmes qui ne veulent pas d’enfant, d’autres qui ne peuvent pas, d’autres encore qui ont perdu un enfant. Je trouve que c’est une question trop intime et délicate à poser aujourd’hui et je mets ça sur le tapis avec cette chanson. 

Mais Maya, kossa i rend’ a ou sovaz koma ?

Maya Kamaty : De moune ma fille ! (Rires) Je suis gentille si on ne me cherche pas, mais c'est aussi à cause de l’expérience de la scène, de cette industrie, des tournées.. j’ai été témoin de beaucoup de sexisme, de paternalisme.. venant d’hommes qui travaillent dans ce milieu très masculin. Venant de programmateurs de festivals, auprès de techniciens, de musiciens, de journalistes… Il y a toujours une hypersexualisation de ce que les femmes font : on ne demande pas à un homme comment il va s’habiller pour monter sur scène. S’il met un short et un T-Shirt, on s’en fiche. Mais quand Camélia Jordana fait la même chose, on entend "Ah elle n’a pas mis de robe, elle s’en fout du public". Il y a toujours ce questionnement réservé aux femmes, et ça me rend un petit peu en colère.

Et puis, bien évidemment, il y a les injustices sociales... j'aborde tout ça sans prétention. Je dis souvent que mes chansons sont des questions, que je me pose à moi-même. Et je n’ai pas toutes les réponses. Ce sont des thèmes que j’abordais avant, de manière plus calme, mais le message n’avait pas l’air de passer. Alors je me suis dit que j’allais crier et peut-être que là, je serais entendue.

C'est vrai que j’ai toujours eu ce tempérament et on me dit souvent que je parraît froide. Mais je ne laisse pas n’importe qui entrer "chez moi". Je suis très méfiante de ce système et je pense que j’ai raison parce que ce métier n’est pas fait pour les Bisounours.

Quelle est la prochaine phase de Maya Kamaty ?

Maya Kamaty : Pour la suite, je veux garder cette spontanéité dans l’écriture. Avant, je n’écrivais pas autant, et là, j’ai envie de garde ce cap d’écriture et de création avec Sskyron ou encore Moana Apo, avec qui je travaille à nouveau, et d’autres personnes encore... Mais c’est vrai qu’avec Sskyron on s’est trouvé et il ne le sait pas encore mais je ne suis pas prête de le lâcher. (Rires) Il réussi à comprendre ce que je dis, dans les idées et les références. C’est un échange efficace et ça va vite et droit : c’est gayar ! Pleins de choses arrivent dans les semaines à mois à venir : nouveaux morceaux, musiques pour des documentaires, des tournées aussi, en France ou encore au Brésil.

> Les prochaines dates 

- 11 mai : Saint-Benoit
- 8 juin : SAKIFO à Saint-Pierre
- 21 juin : La clé des Champs - 78
- 22 juin : File 7 à Magny Le Hongre
- 9 juillet : Nuits de Fourvière à Lyon