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Géorgie: gaz lacrymogène et balles en caoutchouc contre des manifestants pro-UE

La police géorgienne a fait usage de la force mardi, utilisant gaz lacrymogène et balles en caoutchouc contre des manifestants qui protestaient par milliers dans la capitale Tbilissi pour la troisième semaine consécutive contre un projet de loi controversé, a constaté un journaliste de l'AFP.


Auteur de l'article : Géorgie: gaz lacrymogène et balles en caoutchouc contre des manifestants pro-UE
Rédigé par Clicanoo

Le pays du Caucase est en proie à des manifestations antigouvernementales massives depuis le 9 avril, après que le parti au pouvoir, le Rêve géorgien, a réintroduit un projet de loi sur "l'influence étrangère" jugé contraire aux aspirations de Tbilissi à rejoindre l'Union européenne (UE).

Des policiers antiémeutes masqués sont intervenus, sans avertissement, utilisant du gaz lacrymogène et des balles en caoutchouc, frappant et arrêtant des dizaines de personnes, selon un journaliste de l'AFP sur place.

Plusieurs journalistes ont été attaqués, dont un photographe de l'AFP qui a été frappé avec une matraque en caoutchouc, alors qu'il était clairement identifié comme un professionnel des médias. 

Le député Levan Khabeichvili, président du Mouvement national uni de l'ex-président emprisonné Mikheïl Saakachvili, principal parti d'opposition, a été violemment battu et a dû recevoir des soins.

Les chaînes de télévision locales ont diffusé des images montrant son visage marqué de coups.

"J'appelle le ministre de l'Intérieur à mettre immédiatement fin à la répression du rassemblement pacifique, à l'utilisation d'une force disproportionnée et à la violence contre les jeunes", a déclaré la présidente de la Géorgie, Salomé Zourabichvili, qui est opposée au parti au pouvoir.

Le Défenseur des droits géorgien, Levan Iosseliani, a demandé l'ouverture d'une enquête sur l'utilisation d'une "force disproportionnée" contre les manifestants et les journalistes.

Les protestataires rassemblés devant le Parlement ont manifesté contre le projet de loi sur "l'influence étrangère", jugé liberticide, jusqu'après minuit malgré les canons à eau et les gaz lacrymogènes.

Ils ont bloqué la circulation devant le Parlement sur l'avenue Roustaveli, principale artère de Tbilissi, ainsi que sur plusieurs autres axes importants de la ville.

"Ils ont peur parce qu'ils voient notre détermination", a affirmé mardi soir à l'AFP une manifestante de 21 ans, Natia Gabissonia, devant le Parlement.  

"Nous ne les laisserons pas faire passer cette loi russe et enterrer notre avenir européen", a-t-elle ajouté.

- Deuxième lecture

Les députés géorgiens ont débattu mardi en deuxième lecture du projet de loi que le parti au pouvoir espère faire voter d'ici à la mi-mai.

Le projet de loi doit faire l'objet de trois lectures au Parlement et être ratifié par la présidence. La présidente géorgienne devrait opposer son veto à la mesure, selon toute attente, mais le parti au pouvoir dispose d'un nombre de sièges au Parlement suffisant pour passer outre.

Selon ses détracteurs, le projet s'inspire de la loi russe sur les "agents de l'étranger" utilisée pour étouffer les voix dissidentes.

Le président du Conseil européen Charles Michel a estimé que le projet de loi n'était pas compatible avec le souhait de la Géorgie de devenir membre de l'Union européenne.

Des manifestations ont également eu lieu dans la deuxième ville géorgienne, Batoumi, et dans celle de Koutaïssi, selon le média indépendant Formula TV.

Lundi, plusieurs milliers de personnes avaient participé à une contre-manifestation organisée devant le Parlement par le Rêve géorgien.

Le puissant milliardaire Bidzina Ivanichvili, président du parti au pouvoir considéré comme le dirigeant de facto du pays, s'est adressé lundi à la foule. Il a défendu le projet de loi visant, selon lui, à renforcer la transparence sur les financements étrangers des associations, estimant que "le financement non transparent des ONG est le principal instrument pour la nomination d'un gouvernement géorgien de l'étranger".

Au printemps 2023, le parti au pouvoir avait dû renoncer à une première tentative de faire adopter la loi, après des protestations massives.

En décembre, l'UE a accordé à l'ex-république soviétique le statut de candidat officiel à l'adhésion à l'Union, tout en le prévenant qu'il devait notamment réformer son système judiciaire et son système électoral, renforcer la liberté de la presse et limiter la puissance des oligarques, avant l'ouverture de négociations.


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